retour page d'accueil
http://lephytoscope.fr/docu77.htm

Le mildiou de la tomate


Nous avons observé, il y a peu de temps, sur nos planches de tomate, une maladie affectant le feuillage et les fruits. Il s'agit du mildiou ("late blight"). On peut le confondre avec un autre mildiou apparu plus tôt dans le cycle cultural, l'alternariose ("late blight").
Nous allons voir :
1. le matériel végétal
2. les symptômes
3. les agents pathogènes
4. la "maladie"
5. perspectives de contrôle

1. le matériel végétal

Lycopersicon esculentum.
Variété "dorée" sélectionnée en 1973 par Déclert/Sberniccia en France (Brétigny/Orge). La sélection a été poursuivie chaque année pour le choix de la productivité et la ramification des bouquets de fleurs. Ses cultures ont été réalisées successivement au Congo (Brazzaville, Pointe Noire) puis au Sénégal (Dakar) et Guyane (Kourou). Malgré l'apparition momentanée d'hybrides, la pureté de la sélection a pu être sauvegardée jusqu'en France (Fontainebleau). Cette tomate est de structure indéterminée et est palissée sur rampe de tuteurs, atteignant 6 à 8 bouquets selon la précocité des semis.

tomate



2. les symptômes


Les symptômes du mildiou sur la tomate sont très faciles à identifier. Le plus souvent cela se passe sur les folioles : on reconnait de larges taches plutôt marginales, assez étendues, foncées, un peu huileuses et ce qui les caractérise encore mieux, elles ont autour d'elles

une zone floue, sans limite. A la face inférieure des folioles, ces taches sont un peu déprimées, toujours de coloration foncée ou noires. Souvent ces folioles atteintes pendent le long du pétiole.
Les nervures principales peuvent être vues noirâtres, de même que les pétioles. Au début,les fruits sont auréolées de bandes, floues, de couleur jaune, rose ou brun clair. Ensuite se dévelope une tache brune plutôt vers le pédoncule. L'examen microscopique des résidus sur bande adhésive montre de nombreuses vésicules hyalines portées par des filaments non cloisonnés .On les identifie comme mycelium et conidiocystes d'un champignon Oomycète, Peronospora infestans(Mont.) de Bary, (1863)

   

         

Il arrive qu'on ait pu voir des taches brunes plutôt sèches d'apparence et bien limitées. Une grande différence d'avec celles du mildiou, la partie encore saine du foliole est auréolée de jaune. Avec le temps ces taches grandissent et montrent en leur centre des lignes noires à peu près concentriques. L'observation microscopique des résidus obtenus sur bande adhésive révèle la présence de conidies caractéritiques du champigon Alternaria. Cela nous autorise à dénommer la maladie d'alternariose .




3. les agents pathogènes


a/ l'agent du mildiou

Le Phytophthora infestans est un parasite "strict", jamais saprophage, parasite spécifique des solanacées, pomme de terre, tomate et aubergine . Sur ces cultures il provoque des lésions importantes, jusqu'à la mort des plants.
Le caractère principal des Oomycètes se trouve dans son thalle filamenteux siphoné, c'est-à-dite non cloisonné .
Pour l'infection, il dispose des planoconidies biflagellées issues de vésicules ovoïdes, les conidiocystes. Ces planoconidies nagent à la surface du support, dans la couche déposée par la pluie à la surface des feuilles, pétioles, tiges et fruits. Elles se fixent en micro-ampoules (appressoria), et développent soit un hyphe mince qui perfore la cuticule des cellules épidermiques et envahit rapidement les tissus sous-jacents, soit un hyphe superficiel développant un thalle d'où l'aspect quelque peu velouté de la tache.



b/ l'agent de l'alternariose.



L' Alternaria solani (Sorauer), 1896 est un champignon de la classe des Hyphomycètes, dotée d' hyphes cloisonnés, famille des Dématiacées, conidiophores et conidies de coloration foncée. Les conidies sont pluricellulaires, en forme de massue, solitaires ou en courtes chaines, de coloration foncée.


c/ leur biologie


La reproduction asexuée intervient par planoconidies biflagellées issues d'espèces de vésicules, les conidiocystes. Ces planoconidies nagent à la surface du support, dans la couche déposée par la pluie à la surface des feuilles, pétioles, tiges et fruits. Elles se fixent en micro-ampoules et développent soit un hyphe mince qui perfore la cuticule des cellules épidermiques et envahit rapidement les tissus sous-jacents, soit un hyphe superficiel développant un thalle et procurant donnant un aspect quelque peu velouté sur la tache issue des infections inférieures.

L'esquisse, à gauche, explique le déroulement de l'élaboration des conidiocystes, de leur germination, de la libération des planoconidies et de leur action parasitaire. La reroduction asexuée intervient après la stade de l'invasion des tissus profonds. De l'orifice des stomates, un bouquet de conidiophores émerge. . Ceux-ci, en conditions favorables sont entrainés par le vent et dispersés au delà. Les conditions favorables ont été publiées par D.Blancard.

La reroduction sexuée suit le schéma de l' oogamie chez le Pytophthora, caractéristique pour les Oomycètes. Deux vésicules "gamétocystes" se rapprochent, les noyaux du gamétocyste mâle percent l'oosphère et fusionnent le noyau, source d'un zygote (œuf). Pour l' Alternaria, la reproduction sexuée est caractéristique des Ascomycètes Pleosporales (il est une forme imparfaite de Pleospora). Le champignon élabore des petits corpuscules creux, les ascostroma. Dans leur cavité, ils différencient un hyphe sexué l'ascogone, gamète femelle. Hors de l'ascostroma, les trichogynes, extrémité des ascogones, obtiennent des contacts avec des filaments fécondants exrérieurs; l' un des noyaux (gamète mâle) va féconder l'ascogone. L'ascogone fécondé poursuit sa croissance et, toujours à l'intérieur de l'ascostroma, différencie à son extrémité une vésicule, l"asque", garnie de huit ascospores.

4. la "maladie"


Une telle maladie que la mildiou ne se produit qu'avec la présence d'éléments contaminants, et surtout avec la concomitance de conditions écologiques, présence d'eau et température douce ou fraîche.
La présence d'eau en film liquide à la surface des épidermes est nécessaire à la vie aquatique des conidies nageuses .
Mes années d'études de phytopathologie en Afrique, m'ont permis d'observer en Côte d'Ivoire, en 20 ans, seulement 3 épisodes de mildiou de la tomate , très limités et fugaces. Là, la température ne s'abaisse qu'exceptionnellement au dessous de 20°C.
Au Congo, dans certains territoires, tels que les zones montagneuses de Boko et le littoral de Pointe Noire, nous avons constaté le mildiou en octobre, pédiode pluvieuse et relativement fraiche, la température franchissant la limite des 20°C.
Dans le littoral de la Guyane, la température observée la plus basse ne descend pas en dessous de 22°. Nous n'y avons jamais observé de mildiou de tomate. En France, pays au climat tempéré par excellence, P. infestans trouve des conditions particulièrement favorables à son développement, au moment de l'arrière saison de fin septembre.
Les Anglo-Saxons parlent le "late blight".
Pour l'alternariose, les conditions limites sont moins exigeantes et le mildiou , "early blight", peut s'observer même depuis le début de l'été . Pour l'un comme pour l'autre les principales sources de l'infection sont des apports de conidies par le vent.
En résumé, si on veut proposer des avertissements de mildiou et inciter le cultivateur à traiter ses cultures , les conditions favorables sont la conjonction d'un temps pluvieux, venté et de température inférieures à 20°C .
5. perspectives de contrôle

En production biologique, la maîtrise du mildiou constitue souvent l’une des principales préoccupations du fait du manque de fongicides autorisés, en dehors des produits à base de cuivre. Pour mon programme de maintien de la variété et de sa sélection, necessitant une culture annuelle pour l'obtention continue de semences, le contrôle de la maladie est un impératif. Depuis une dizaine d' années nous utilisons les pulvérisations de Diametan (Bayer). Diametan = cymoxanil + propinèbe, le premier, systémique pénétrant et le second thiocarbamate curatif. Pour consulter la constitution, la toxicité il est bon de consulter Wikipedia . Nous avons eu recours à notre ancien stock de Diametan (Bayer), poudre bleue soluble. Depuis une quinzaine d'années nous l'utilisons avec grande modération, sachant qu'il nous sera impossible de la renouveler en raison de l'interdiction de leur commercialisation (la demande dérogation doit passer par une demande en ligne de Certificatphyto , particulièrement éprouvante même pour un consultant calme) Pratiquement ma gestion de l'épipytie consiste à surveiller quotidiennement la température et les risques de pluie, et d'appliquer préventivement une pulvérisation de pesticide Diametan.
Il procure un effet très satisfaisant de protection contre le mildiou.
Un exemple : les deux dernières périodes avec conditions favorables de mildiou (11 sept = 11 mm + 16°C) et (24 sept =18 mm et temp de 11°C) ont été parfaitement contrôlées par des pulvérisations le jour précedent.
Enfin, il est primordial de distinguer deux périodes d'infection, la infection primaire résultant d'un apport aérien de conidocytes, la seconde très dévastatrice résultant de l'autocontamination des plantes à partir des lésions de l'infection primaire. Les élements contaminants sont évidemment infiniment plus nombreux.


Bibliographie

J'ai consulté avec intérêt :
1°Comment le "Jardinier Malin" conseille la lutte contre le mildiou
2°Comment le "Jardinier Malin" conseille la lutte contre l' alternariose
3° Une publication de professionnel des USA sur la biologie du Phytophthora
4° une étude complète du Phytophthora infestans par un professionnel S.Krikarta
5° Notre haute autorité française de l'INRA Dominique Blancard donne d'excellentes précisions sur le mildiou de la tomate;

6° http://lephytoscope.fr/docu72.htm
cours de cryptogamie. consultation des pages 6, 11 pour la reproducion oogamie et 27 pour la trichogamie