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Comment j'ai pu ouvrir un jardin expérimental à Kourou.
1. Objectifs

Le projet d'observatoire sanitaire pour les plantes maraichères exigeait la création d'un jardin, afin de pourvoir suivre tout au long du cycle cultural les avatars ou les problèmes rencontrés lors de la croissance puis du développement des végétaux.
2.Problèmes initiaux

Le premier problème rencontré a été celui de la compatibilité du sol. J'avais affaire à un sol sablo-limoneux recouvert d'une couche infime de débris organiques mal décomposés. L'amendement a été obtenu par un apport de fumier de cheval, substrat assez éloigné du vrai fumier, puisque s'agissant d'une litière de sciure additionnée des déjections chevalines. Ce fumier a été enfoui par travail à la bèche lors de la constitution des planches. La pauvreté du système fixateur d'ions sera compensée par des apports modérés mais fréquents d'engrais complet (triple 17 ou triple 15). Le procédé de "restauration" du sol par culture de l'arachide en "tête de rotation" a été initié... une fois résolu la découverte d'un point de vente des semences.
La plus grande partie du matériel à mettre en place est à obtenir de semis en pépinière. La principale précaution consiste à assurer une irrigation régulière mais non excessive des bacs de semis et surtout un abri suffisant contre les coups de soleil auxquels les plantules sont particulièrement sensibles dans les premiers jours de la levée.
Un certain tribut a été payé aux fontes de semis ainsi qu' aux invasions par les mouches blanches , peu sévères, et par les acariens tetranyques et tarsonèmes, plus insidieuses et plus dommageables.
3. Premiers échecs et recours : les courtilières

La mise en place a rencontré aussitôt un échec quasi immédiat. Si la cause a été rapidement identifiée, la maîtrise de la situation n'a été obtenue qu'après deux ou trois mois. En effet, chaque matin les effectifs des jeunes plants fondaient à vue d'oeil, pour disparaître complètement en moins d'une semaine. Les tiges étaient broyées et sectionnées au niveau du sol ou peu profondément dans le sol. Les courtilières, dont c'était là le ravage, semblaient ajouter la malignité à l'efficacité puisque les plants demeuraient apparemment bien dressés et bien place, tout juste un peu "renfoncés"! Le flétrissement du feuillage, intervenu avec la chaleur du jour, confirmaient le diagnostic : les sujets atteints s'extraient du sol sans aucune racine. Outre les tiges et collets rongés, ces orthoptères sont identifiables par les tout petits billons sinueux à la surface du sol, qui marquent leurs déplacements (en général nocturnes) .
En raison de l'abondance de la population de ces ravageurs, quelques individus ont été facilement observés, capturés et identifiés, comme adultes et larves de Scapteriscus ou Grillotalpa , couramment dénommé courtilière ou taupe-grillon.
Devant l'urgence du problème, une solution chimique a été recherchée. Les spécialités "insectes du sol" à base d'appât et de matières actives diverses (diazinon, carbofuran) ou "mouches des légumes" (diethion) s'étant révélées modérement efficaces lors d'un précédent séjour guyanais, n'ont cette fois donné aucun résultat.
Un site internet "courtilière" proposait d'enterrer des boîtes de conserve jouant le rôle de trappe pour capturer les courtilières, quelques gouttes d'essence de térébenthine étant recommandées en guise d'attractif.
Les trappes sont restées vides des semaines durant...
La disposition de barrières mécaniques s'opposant au déambulement des courtilières a été essayée avec le carton doublé d'aluminium des "briques" de lait ou de jus de fruit. Les plaques ont été enfouies sur 10 cm, une barrière hors sol de quelques cm devait s'opposer aux déplacements aériens des ravageurs ; les résultats ont été suffisants pour des petites surfaces seulement et pour des durées moyennes (2 à 3 semaines). Les plantes ainsi "isolées", ciboules et tomatillo, ont suvécu quelques semaines à un mois. Ailleurs, les dégâts concernaient notamment tomates, amarantes, roselles, ciboules, maïs, et citronnelle.
L'idée a été reprise par l'utilisation des briques simplement découpées sur le dessus et percées au fond. Bien garnies de terreau, elles sont utilisées comme conteneur etassurent aux plantules une bonne croissance, et une protection très efficace contre les courtilières. Pour la mise en place, des petites tranchées sont pratiquées au transplantoir, les pots y sont logés, dépassant le niveau du sol de la planche d'au moins 1 cm. Ainsi les premières cultures d'aubergine, tomate, ciboule et roselle ont-elles pu être implantées durablement.

Une situation d'équilibre s'établit entre les courtilières ravageurs et les parades physiques de protection pour les plantes cultivées. En effet si quelques tomates ou aubergines peuvent apparaître flétries sans raison apparente (stress hydrique suite à une forte insolation), symptôme persistant malgré quelques relatives rémissions temporaires, le "dépotage" confirme que des courtilières se sont introduites sur les flancs ou le fond du conteneur et ont endommagé le pivot (ci-joint une boite "rongée"). La protection du conteneur est donc limitée à quelques semaines, ce qui suffit cependant aux plantules pour passer du stade herbacé au stade lignifié, et mieux résister à l'agression des ravageurs.

Bibliographie :
1/ Appert & Deuze, 1988._ Insectes nuisibles aux cultures vivrières et maraîchères, page 144, 2 tomes. Maisonneuve et Larose.
2/ Messiaen, C-M., 1989._ Le potager tropical. page 109. Presses Universitaires de France
3/ http://granit.jouy.inra.fr/hyppz/RAVAGEUR/3grygry.htm = documentation INRA et photos


4. "Régime de croisière"

1. les mouches mineuses Liriomyza
2. Les cochenilles Orthezia
3. les criquets Acanthacus
4. les acariens tarsonèmes
5. les iguanes
6. les pucerons
5. Intervention des "atouts maîtres" adverses : les Meloidogyne et le Ralstonia


Kourou, 19 octobre 2002