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La culture du pleurote est-elle possible en Guyane?



Après une dizaine d'années d'essais en Guyane, puis à peu près autant en métropole, je suis arrivé à résumer et présenter le résultat de mes observations.

Notice pour la culture familiale du Pleurote.


A-matériel nécessaire:
-un substrat accepté par le champignon
-un bloc de semis
-un contenant et un rouleau de scotch
1° un substrat
3 substrats ont été satisfaisants, dans l’ordre du succès : la paille de chanvre, la paille de blé (litière pour petits animaux) et le carton ondulé.
2° un inoculum pour l’ensemencement du substrat : nous fournissons des galettes, de 10 cm de diamètre et 0,5 d’épaisseur, d’environ 40-50g . Elles ont été obtenues par une culture pure contrôlée en boites de Pétri.

3° un contenant est nécessaire pour la culture. Nous avons adopté le cubitener de lait, à 4 faces latérales égales, les bouteilles d’eau, les paniers en plastique et les sacs plastiques (principalement le sac poubelle). Bien pratiquer les 3 trous, le premier en supprimant le bouchon en plastique, et 2 autres pratiqués sur les flancs latéraux en entaille avec un couteau bien tranchant.
Les boites de lait doivent être découpées afin d’aménager des ouvertures pour la sortie des fruits (les champignons) ; elles doivent également comporter un «couvercle», utile pour le remplissage de substrat et la pose des morceaux de semence.


B-La préparation de la culture.

Il faut reproduire les 3 conditions qui favorisent l’émergence des champignons dans la forêt.
1° la nourriture. En forêt il s’agit d’humus ou de terre noire riche en élements nutritifs. Nous le copions avec notre substrat.
2° l’aération . Les champignons se trouvent sur des sols non compacts, au voisinage de mousses ou d’un tapis de feuilles mortes. Un lit de paille au fond des boites assure une strucuture aérée favorable à la culture.Trois orifices ont été aménagés sur les boites (photo)
3° l’humidité. les champignons se cueillent en forêt en début d’automne, après les pluies de fin de la saison sèche de l’été. Il faut donc arroser, modérément et surtout ne pas noyer ( l’eau tue alors le champignon). Cet arrosage modéré s’obtient par l’immersion complète des boites ensemencées pour une durée de l’ordre de la minute, suivie du ressuyage hors du récipient de longue durée (2 à 3 heures). A l’issue de cette opération, les boites sont rangées horizontalement, le couvercle en position haute. Cette disposition permet de conserver au fond une petite réserve d’eau qui permettra la croissance du champignon.



C- Le déroulement de la culture.

Une fois la boite remplie de paille, elle est ensemencée par des blocs de semis et recouverte de substrat. La galette de champignon, l’inoculum, peut être divisée en deux demies parties ou (en quart). Les boites sont ensemencées avec un seul ou les deux morceaux (meilleur taux de réussite). La boite est refermée et son couvercle est serré par un bon morceau de scotch.

Elle est immergée puis réssuyée et placée sur une étagère.
Le bloc de semis, la moitié ou l’intégrité de la galette de culture, développe un réseau de filaments serrés et blancs.
Ceci est le végétal proprement dit, qui est en phase de «croissance» et il recouvre la totalité du substrat en à peu près un mois.
Le cutivateur, si curieux, peut ouvrir, une fois ou deux, avec précautions (risque d’infection par moisissures et bactéries) pour espionner le Pleurote en croissance . Il devra refermer soigneusement le couvercle par un nouveau fragment de scotch.
La phase de « fructification » commence après que le substrat soit pris en masse et coloré en blanc, à peu près un mois ou 6 semaines après le semis. Une astuce a été développée alors. Après ouverture du couvercle, elle consiste à saupoudrer la surface de culture d’une cuillerée (cuiller à café) de poudre de carbonate de chaux (craie des enfants ou coquilles d’oeuf pilées) . La 2ème action consiste à renouveler l’immersion de la boite et son drainage, comme au début de la culture.


Quelques jours après, des petits carpophores noirs émergent dans l’une ou les ouvertures de la boite (photo). En 2 ou 3 jours ils grossissent et deviennent clairs.
La cueillette peut commencer. Comment déterminer le moment optimal de la cuillette ? Placer un fragment de papier noir sous le chapeau du champignon et observer le lendemain la présence d’une poudre blanche (la sporée). Ne pas attendre au delà...
Attention :
celui qui espère des champigons «colossaux» et repousse la date de récolte n’obtient souvent que des chapignons «secs» peu comestibles. Pour récolter, surtout ne pas «sectionner» le pied, mais extraire la base du champignon soigneusement en tirant avec un mouvement de torsion.

Si les carpophores sont groupés, il est nécessaire de cueillir toute la touffe ensemble. La récolte peut être renouvelée plus tard une ou deux fois en conservant la boite de culture ; les poussées de fruits (carpophores) se produisent en général environ un mois après la première récolte. Il suffira de préparer cette poussée de champignons par une humidification contrôlée de la boite.

D.Renseignements pratiques.

Pour vous procurer les substrats, les paquets de paille peuvent être achetés en grandes surfaces normales, conditonnés en sacs de 800g, les sacs de paille de chanvre se procurent uniquement dans les grandes surfaces de jardinerie (paquets de 100l). Le carton ondulé se ramasse auprès des poubelles jaunes ou aux abords des commerces.

E.Causes des ratées ou échecs.

Nous avons observé, parfois, l’invasion de petites mouches, probablement des drosophiles, qui pondent dans les cultures. Leurs asticots sont capables de ronger le pied des carpophores et au moindre mal de reduire leur dimension, ou même d’empêcher leur émergence. Pour réduire ce dégât, nous avons placé les boites dans des sacs poubelles étanches et bien attachés pour une grande partie de la phase croissance, soit environ 2 ou 3 semaines.
D’autres échecs, observés au cours de la phase de coissance, sont à porter au compte d’un excès d’eau, résultant d’un égouttage insuffisant ou d’une immersion trop longue.
Le détail d’autres modes de culture, boites empilées, bouteilles d’eau, sacs plastiques perforés ou culture en panier peuvent nous être demandés.


Ce dernier mode de culture (sacs poubelles + rondelles de carton) s’est avéré très satisfaisant en Guyane .


Fontainebleau, 5 novembre 2020
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